lundi 7 avril 2014

Femmes artistes, une tribune vous est ouverte à la galerie Arielle d'Hauterives, Bruxelles, Belgique.


Ruta Jusionyte- Avec le lapin dans la barque-terre cuite

Bruxelles surréaliste et très concrète. 


"Notez : artiste n'a pas de féminin..."
Bruxelles est pour moi l'une des plus belles villes du monde, qui a su marier le classique et le XXIe siècle,  gardant son identité. Quartier d'affaire versus Magritte, ses pommes - qui n'en sont pas - reflets d'anges dorés sur vitres teintées. Dans une petite place du quartier des galeries d'art, les lapins peints, à la galerie d'Arielle d'Hauterives, sont un souffle printanier dans un monde finalement assez gris. Arielle d'Hauterives a réussi à créer ce lieu vivant d'expositions, conférences ou concerts, et elle court le monde pour trouver ses perles. Sa galerie éponyme a 3 ans, elle est consacrée aux artistes femmes émergentes, et c'est une posture proche du parcours de résistante. 
"Le concept de la galerie m’est venu de la constatation du peu de considération dont les femmes artistes sont souvent victimes. Le manque de visibilité de la création féminine dans les événements artistiques importants déprécie leur cote sur le marché et leur reconnaissance dans le monde artistique. Une nouvelle génération veut prendre son destin en main, c’est ce que je défend, il y a comme un plafond de verre qui les empêche d'atteindre le niveau international."

Carcan culturel ? Mélanie Peduzzi - Jarretière (c) - Performance
Est-ce un manque d'ambition ou un carcan culturel ? 
"Dans les couples d'artistes, la femme abandonne souvent... Par rapport aux USA, en Europe je vois peu de femmes leaders, dans d'autres pays c'est un véritable drame. Quand je représente une artiste dans ma galerie, je lui ouvre la possibilité de vivre de son art, ce qui est si difficile."
Le métier suppose beaucoup de communication... et de travail pour trouver de potentiels clients. Son assistante s'occupe du côté technique : animation du site, newsletter, programmes, etc. Arielle se concentre sur l'aspect artistique.
"...C'est une tribune aux univers particuliers des arts plus "féminins"."
Arielle d'Hauterives ouvre sa galerie 
aux artistes femmes
Comment choisir les artistes et leurs œuvres exposées ?  
"Dans un monde où il faut écraser les autres pour réussir, les femmes abordent les choses autrement et sont moins commerciales, peut être plus... intimes. Je choisis les fortes personnalités, les talents affirmés, mais surtout émergents. J'ai un goût éclectique, je me fie à ma sensibilité et je remarque les démarches artistiques originales." 
C'est une tribune aux univers particuliers des arts plus "féminins". Issue d'une famille d'artistes (père et frère peintres, mère céramiste...), de formation styliste, Arielle est "fille de la balle".
"Je commence à aborder l'abstrait, mais je suis surtout attirée par le pictural, les années 40/50, Miro, pour ses sculptures et ses tableaux mais aussi l'art brut et la photo."
...de 20 à 85 ans, concert de Harpe, photo (c) Gabriel Hollander
Quelle est la meilleure partie de votre travail ?
La relation avec les artistes est son plus grand bonheur.
"Ils m'apportent le flux de la Vie, j'en rencontre de tous les âges, de 20 à 85 ans, les artistes sont les personnes les plus sensibles à l'évolution du monde."
Quels ont été vos plus grand défis ?
"C'est un défi permanent : être indépendante, se renouveler, « être efficace », commerciale, la question économique est centrale, j'ai évité de subir la pression de financiers qui pourraient m'imposer leur choix. J'ai mis longtemps à franchir le pas."
Elle semble ravie.
Femmes artistes, peut être plus intime...
Comment "rentrer sur le marché" ?
"Une galerie est avant tout un commerce qui demande une bonne visibilité. Il faut trouver sa place, avec une identité forte, et résister, tenir le coup. Les relations sont essentielles. En Europe la fiscalité est différente des USA, le marché moins dynamique, les budgets moins importants, souvent institutionnalisés."
Elle a commencé avec une attachée de presse, participé aux foires, organisé des évènements.
"Avec des relations financières, c'est un business orienté par le gain, on peut difficilement innover et on ne prendra pas de risques, à moins d'avoir travaillé dans une grande galerie, et de partir avec le carnet d'adresses !"
Grâce à la Galerie d'Arielle d'Hauterives, au coeur du kaléïdoscope, Bruxelles reste l'une des grandes places, éclectique et moderne, où les artistes présentées par Arielle sont comme les vestales intemporelles : des muses, mais aux chaussures de marche ! La légèreté a encore de la place. Allez y !


Une tribune aux univers plus féminins
Les expos prévues d'avril à juin sont  :
  • Découvertes printanières du 3 au 27 avril (Dominique Romeyer, Françoise Steurs, Hanna Ilczyszyn, Ruta Jusionyte) ;
  • Impressions non conceptuelles du 2 au 31 mai (Antonia Donate) ;
  • Millie du 5 au 29 juin (Mélanie Peduzzi)
Voir son site en cliquant ici galerie Arielle d'Hauterives

 

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire